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mardi 28 décembre 2010

Eléphants : pour une attaque rafraîchie








A l'heure du Mercato, les attaquants ivoiriens sont une fois de plus (la coutume est désormais vieille de plusieurs années) à la fête. Gervinho (Liverpool vient de formuler une offre de 12,5 millions d'Euros), Abraham Guié-Guié (Monaco, Lorient, Fribourg, Tottenham...) et autre Wilfried Bony (Rennes, entre autres) affolent les recruteurs. Ces réactions (parfois excessives) de nombre de clubs européens devraient toutefois mettre la puce à l'oreille au staff de l'équipe nationale : la jeune garde frappe à la porte et il est grand temps de préparer la relève.


La relève pointe le bout de sa trompe

L'après Mondial et l'arrivée de François Zahui à la tête de l'encadrement technique, a insufflé un certain renouveau. Certains changements étaient inéluctables après les erreurs grossières (nous avons déjGrasà évoqué dans de précédents articles, la gestion calamiteuse par Ericksson de Drogba et Gervinho) commises sur le plan offensif. Les premiers matchs qualificatifs pour la CAN 2012 et les matchs de préparation ont ainsi vu les titularisations de nouveaux attaquants : le Tourangeau Abraham Guié Guié et le joueur du Sparta Prague Wilfried Bony. Ces jeunes joueurs (respectivement 24 et 21 ans) réalisent des performances honorables dans leurs clubs. Guié-Guié en est à 10 buts en 16 matchs, Bony à 16 buts en 22 matchs.

Et ces deux joueurs ne sont pas des cas isolés. Qui suit assidûment le football depuis le début de la saison a certainement croisé les noms suivants : Didier Ya Konan (Hanovre), Seydou Doumbia (Spartak Moscou), Lacina Traoré (Cluj). Ces joueurs sont désormais incontournables dans leurs championnats et les émissaires se bousculent pour les superviser. Le premier, qui a déjà évolué avec les Eléphants il y a quelques années, vient de signer une extension de contrat courant jusqu'en 2014. Ses 9 buts et 4 passes décisives (en 15 rencontres) avaient fait de lui une proie alléchante, y compris hors Bundesliga. En paraphant ce contrat, les dirigeants s'assurent, non pas la présence de Ya Konan jusqu'au Mondial brésilien, mais au moins une belle plus-value lors du transfert de l'ancien joueur de l'ASEC (vraisemblablement cet été).



Traoré et Doumbia sont également des joueurs en devenir, le second ayant néanmoins "prouvé" légèrement davantage que le premier. Doumbia a déjà montré que le haut niveau ne l'effrayait pas : après avoir affiché un impressionnant compteur-buts en première division suisse (50 réalisations en 64 matchs sur 2 saisons), il a très correctement débuté dans le championnat russe (5 buts en 11 rencontres). Ses premiers pas en sélection ont été relativement probants (notamment une rentrée remarquée face à l'Allemagne contre laquelle il avait marqué) même si on aurait aimé le voir davantage à l'oeuvre en Afrique du Sud...

Enfin, Lacina Traoré s'est, à 19 ans, définitivement imposé à la pointe de la formation du CF Cluj (Roumanie). Les matchs de Coupe d'Europe lui permettent de s'aguerrir rapidement et il serait étonnant qu'il fasse de vieux os en Europe de l'Est. Un moment pisté par Rennes, il semble que ce buteur de 2 mètres ait été devancé par son compatriote Doumbia dans les petits papiers de Pierre Dréossi (le directeur technique de Rennes). En tous cas, si l'avenir se prononce toujours trop tard, il y en a un qui donne déjà raison à Mr Dréossi, c'est le marché : pour ce-dernier, la différence entre Doumbia et Traoré, c'est +7,5 millions d'Euros...



Le 4-3-3 ivoirien a vécu

Cette relève qui s'annonce devrait croiser une ancienne génération sur le déclin. Car l'attaque des Eléphants est sur le déclin. Or, ne nous méprenons pas, en football, la force des Eléphants n'est pas à chercher du côté de leurs défenses (dont on se demande parfois si elles sont d'ivoire) mais bien de leurs éléments offensifs. Le prestige de la sélection des années 2000 s'est bâtie sur son vivier offensif : Ibrahima Bakayoko (jusqu'à son exclusion par Nouzaret), Bonaventure Kalou, Aruna Dindane, Kanga Akalé, etc, et évidemment Drogba.

Aujourd'hui peu de ces "stars" (Académiciens ou non) sont en mesure de mener l'attaque ivoirienne pour les batailles à venir : si Drogba demeure incontournable il ne jouera pas jusqu'à 38 ans ! Aruna, Baky et Kader Keita ont fait le choix de la retraite - certes dorée mais aussi - anticipée, encore dénommée "Qatar". Les buteurs Arouna Koné (Séville, peut être plus pour longtemps) et Boubacar Sanogo (St Etienne) ont toutes les peines du monde à confirmer les espoirs placés en eux. Kanga Akalé s'est assoupi dans le championnat français. "Bona" Kalou s'est retiré ; à temps car il avait oublié que le football se jouait à 11. De façon inquiétante, son petit frère Salomon paraît parfois le prendre en exemple mais avec une efficacité (et des partenaires) nettement supérieure.




D'où la question légitime, il me semble : que reste-t-il vraiment de l'armada offensive ivoirienne des années 2004-2010 ? Le 4-3-3 adopté par Henri Michel avant la CAN 2006 et perpétué par ses successeurs jusqu'à Ericksson est-il encore un choix tactique pertinent ? Vouloir à tout pris aligner trois attaquants à chaque match se justifie-t-il toujours ? Drogba a livré plusieurs de ses meilleurs matchs en Premier League épaulé par un deuxième attaquant nommé Nicolas Anelka. Gervinho est plus qu'un pur buteur et plus qu'un pur ailier : il est un joueur offensif polyvalent et son aisance technique comme son intelligence tactique prennent tout leur poids lorsqu'il évolue devant une défense comme électron libre. Enfin, et une fois encore, Drogba ne sera pas éternel ; ce qui fait de la remise en cause de ce traditionnel 4-3-3 Orange-Blanc-Vert (bâti dès son origine autour de l'ex-joueur de l'OM) un passage quasi-obligé pour François Zahui et son staff.

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